Pour que ceux qui le désirent ne soient pas trompés

Réponse à l’éditorial du Carillon no 22

Note : Cet article est d’abord paru sur le site Canada Fidèle le 21 novembre 2018.

Le Carillon no 22 vient de paraître, alleluia!

Oui, enfin, cet alleluia est mitigé, car son Editorial nous laisse perplexes, disons-le.

Si nous n’avons rien à redire à la première partie de ce texte, car elle est une dissertation sur la naissance et l’esprit des sectes tout-à-fait raisonnable, la conclusion de l’abbé Couture est plus que surprenante. Il faut même avouer qu’il est difficile de penser qu’elle n’est pas volontairement trompeuse. Laissons ce jugement à Dieu…

Pour le lecteur non averti, la conclusion de l’abbé Couture semble s’imposer : soumettons-nous à l’Eglise Conciliaire sous peine de devenir une secte.

Comment concilier ces paroles avec le fameux Itinéraire Spirituel écrit en 1990 peu de temps avant sa mort, dont Mgr Lefebvre disait que c’était son testament spirituel :

« La volonté de Vatican II de vouloir intégrer dans l’Église les non-catholiques tels qu’ils sont, est une volonté adultère et scandaleuse. Le Secrétariat pour l’Unité des Chrétiens par des concessions mutuelles — le dialogue — aboutit à la destruction de la foi catholique, la destruction du sacerdoce catholique, l’élimination du pouvoir de Pierre et des évêques, l’esprit missionnaire des apôtres, des martyrs, des saints, est éliminé; tant que ce Secrétariat gardera le faux œcuménisme comme orientation et que les autorités romaines et ecclésiastiques l’approuveront, on peut affirmer qu’elles demeureront en rupture ouverte et officielle avec tout le passé de l’Église et avec son Magistère officiel. C’est donc un devoir strict pour tout prêtre voulant demeurer catholique de se séparer de cette Église conciliaire, tant qu’elle ne retrouvera pas la tradition du Magistère de l’Église et de la foi catholique. » (Itinéraire spirituel, La vie divine, p. 29)

Voyons de plus près l’éditorial du Carillon no 22, pour que ceux qui le désirent ne soient pas trompés.

 

Un grave problème de conscience pour les Catholiques

Voici la conclusion de l’abbé Couture dans son éditorial :

D’où l’importance de connaître son catéchisme qui nous enseigne que « L’Eglise est la société de tous ceux qui professent la foi de Jésus-Christ, qui participent aux mêmes sacrements, et qui sont gouvernés par leurs pasteurs légitimes sous un seul chef visible ». (Petit Catéchisme du Québec)

 Trois éléments constituent ensemble l’appartenance à l’Église : la foi, les sacrements et le gouvernement. En éliminer un fait tomber soit dans l’hérésie, soit dans le schisme. Il nous faut absolument les trois.

Bien. Jusque-là pas de problèmes. Les Canadiens-français sont rassurés : on leur a cité le Petit Catéchisme du Québec, rien à redire.

Mais c’est la suite qui devient vraiment problématique :

Une tendance sectaire qui se rencontre aujourd’hui est de garder la foi et les sacrements, et de dire que le gouvernement actuel de l’Église est si mauvais qu’il n’est plus nécessaire, ou qu’il n’existe plus. Cela se trouve même chez certains qui promeuvent la messe traditionnelle. C’est le même esprit que celui de Luther qui pourrait s’exprimer en une nouvelle formule, la Sola Missa. Ce qui signifie que pourvu qu’on garde la foi et la messe traditionnelle, on sera sauvé. C’est faux. Il manque le lien avec l’Église. Un signe de cette tendance sectaire est clairement l’esprit d’indépendance.

 Monseigneur Lefebvre avait bien compris cela, lui, qui ne voulait ni être hérétique, ni schismatique. (Fin de citation)

Voilà! Point final! Rien d’autre! Rentrez dans les rangs, ok, vous les désobéissants et les schismatiques!

Qu’on nous comprenne bien : nous ne nions pas du tout les paroles du catéchisme et la nécessité des trois éléments qu’il nous donne pour faire partie de la véritable Eglise. Ce que nous nions, c’est que le fait de se soumettre à François soit nécessaire ou même légitime pour appartenir à la véritable Eglise. Au contraire, nous croyons que la soumission à François soit ce qui fait tomber aujourd’hui les Catholiques dans l’hérésie et le schisme.

Qu’on rappelle la doctrine catholique est tout-à-fait bien. Là n’est pas le problème. Mais parler de cette appartenance à l’Eglise sans mentionner le grave problème qui se pose aujourd’hui à la conscience des catholiques est tout-à-fait dangereux et inapproprié. Si on rappelle aujourd’hui le devoir de soumission à l’Eglise, il faut par ailleurs absolument mentionner le fait que l’Eglise Conciliaire (l’Eglise qui a fait et qui promeut Vatican II) est en réalité une fausse Eglise à laquelle il ne faut pas se soumettre si l’on veut demeurer catholique. L’abbé Couture ne peut pas ne pas savoir cela!

François appartient-il à l’Eglise?

Tout d’abord, il faut dire que les trois éléments que nous donne le catéchisme comme condition d’appartenance à la Véritable Eglise s’appliquent à tous les chrétiens, à n’en pas douter. Commençons donc par celui qui est censé être en ce moment le membre le plus éminent de l’Eglise de Jésus-Christ, François. Les mêmes réflexions s’appliquent évidemment aux prédécesseurs de malheureuse mémoire de François.

François, pour être un membre de l’Eglise Catholique doit « professer la Foi de Jésus-Christ, participer aux mêmes sacrements » que ceux qui sont en usage dans l’Eglise. Quant au troisième point, étant apparemment la tête visible de l’Eglise, il n’a pas à être gouverné par les pasteurs légitime sous un seul chef visible, mais il a au contraire à gouverner au nom de Jésus-Christ. Bien.

François professe-t-il la Foi de Jésus-Christ? Nous ne parlons pas de ses dispositions intérieures que seul Dieu connaît. Nous parlons de la profession extérieure de la Foi, que tous peuvent juger et c’est la question que nous posons à l’abbé Couture : François professe-t-il la Foi de Jésus-Christ?

Que François ne professe pas la Foi catholique est devenu quelque chose de si connu dans la Chrétienté, qu’il nous semble inutile de l’établir par de longs traités. Contentons-nous de quelques citations. Ceux qui désirent approfondir le sujet pourront se rapporter au livre Trois ans avec François, L’imposture bergoglienne par Miles Christi et diffusé par les Editions Saint Rémi.

Pour ceux qui en doutent encore, écoutons François professer la Foi Catholique :

« Je désire me tourner en pensée vers les chers immigrés musulmans qui commencent, ce soir, le jeune du Ramadan, avec le vœu d’abondants fruits spirituels. » (8 juillet 2013)

« Les plus grands maux qui affligent le monde sont le chômage des jeunes et la solitude dans laquelle sont laissées les personnes âgées. » (24 septembre 2013)

« Je crois en Dieu. Pas dans un Dieu catholique, car il n’existe pas de Dieu catholique. » (1er octobre 2013)

« Il est admirable de voir que des jeunes et des anciens, des hommes et des femmes de l’Islam sont capables de consacrer du temps chaque jour à la prière, et de participer fidèlement à leurs rites religieux. » (24 novembre 2013)

« Partager notre expérience en portant la croix pour arracher de nos cœurs la maladie qui empoisonne nos vies : il est important que vous fassiez cela lors de vos réunions. Ceux qui sont chrétiens, avec la Bible ; ceux qui sont musulmans, avec le Coran. La foi que vos parents vous ont inculquée vous aidera toujours à avancer. » (19 janvier 2014)

« Dialoguer ne signifie pas renoncer à ses propres idées et traditions, mais à la prétention qu’elles soient uniques et absolues.» (24 janvier 2014)

Arrêtons-nous là pour ne pas écoeurer outre mesure nos lecteurs qui, eux, nous l’espérons, professent la Foi Catholique.

Quant au deuxième élément, qui ne sait que François célèbre tous les jours ce que Mgr Lefebvre appelait à juste titre « la messe de Luther », qu’il est l’héritier de ceux qui ont détruit la foi, la messe, les sacrements, et tous les autres trésors de l’Eglise?

Comment ne pas croire que se réalise sous nos yeux la prophétie de Léon XIII dans son Exorcisme contre Satan et les anges apostats ?

« L’Eglise, épouse de l’Agneau Immaculé, la voici saturée d’amertume et abreuvée de poison, par des ennemis très rusés ; ils ont porté leurs mains impies sur tout ce qu’elle désire de plus sacré. Là où fut institué le siège du bienheureux Pierre, et la chaire de la Vérité, là ils ont posé le trône de leur abomination dans l’impiété ; en sorte que le pasteur étant frappé, le troupeau puisse être dispersé. O saint Michel, chef invincible, rendez-vous donc présent au peuple de Dieu qui est aux prises avec l’esprit d’iniquité, donnez-lui la victoire et faites-le triompher. »

Si donc M. l’abbé Couture nous prêche avec raison dans son éditorial qu’il faut professer la Foi Catholique pour faire partie de l’Eglise, nous lui posons la question : vous voulez donc remettre en cause l’appartenance de François à l’Eglise catholique en disant qu’il faut avoir la Foi Catholique pour faire partie de l’Eglise?

Se soumettre à des infidèles?

La question suivante que nous nous posons à la lecture de cet éditorial, c’est la question de savoir depuis quand la soumission à des personnes qui sont adultères dans leur Foi est-elle devenue une condition pour appartenir à l’Eglise? Ne serait-ce pas pour ça que le catéchisme prend la peine d’insérer le petit mot « légitime » après le mot «pasteur»? Un pasteur qui ne professe pas la Foi Catholique est-il un pasteur légitime?

Il serait par ailleurs intéressant que l’éditorial du Carillon nous explique pourquoi, en 2018, nous nous inquiéterions d’être soumis à l’Eglise de François pour faire partie de l’Eglise Catholique. Voilà en effet quarante-six ans (depuis la Déclaration du 21 novembre 1974) que nous « refusons la Rome de tendance néo-moderniste et néo-libérale telle qu’elle s’est manifestée dans le Concile Vatican II. » Cette Eglise Conciliaire que nous refusions était-elle une simple idée séparée, sans réalité concrète?

Qui n’a pas remarqué par ailleurs que lors de la Déclaration finale du Chapitre de 2018, les supérieurs, bien que disant qu’ils adhéraient à toute la Déclaration du 21 novembre 1974, se sont bien gardés de citer quoi que ce soit qui pourrait nous rappeler qu’une Fausse Eglise règne en ce moment à Rome, comme par exemple : « Nous refusons par contre et avons toujours refusé de suivre la Rome de tendance néo-moderniste et néo-protestante qui s’est manifestée clairement dans le concile Vatican II et après le concile dans toutes les réformes qui en sont issues. »

Autre petit rappel : Lettre ouverte des supérieurs de la Fsspx au Cardinal Gantin (1988), dont l’abbé Couture était un signataire :

« En revanche, nous n’avons jamais voulu appartenir à ce système qui se qualifie lui-même d’Église Conciliaire, et se définit par le Novus Ordo Missæ, l’œcuménisme indifférentiste et la laïcisation de toute la Société. Oui, nous n’avons aucune part, nullam partem habemus, avec le panthéon des religions d’Assise ; notre propre excommunication par un décret de votre Éminence ou d’un autre dicastère n’en serait que la preuve irréfutable. Nous ne demandons pas mieux que d’être déclarés ex communione de l’esprit adultère qui souffle dans l’Église depuis vingt-cinq ans, exclus de la communion impie avec les infidèles. Nous croyons au seul Dieu, Notre-Seigneur Jésus-Christ, avec le Père et le Saint-Esprit, et nous serons toujours fidèles à Son unique Épouse, l’Église Une, Sainte, Catholique, Apostolique et Romaine.

Être donc associés publiquement à la sanction qui frappe les six évêques catholiques, défenseurs de la foi dans son intégrité et son intégralité, serait pour nous une marque d’honneur et un signe d’orthodoxie devant les fidèles.Ceux-ci ont en effet, un droit strict à savoir que les prêtres auxquels ils s’adressent ne sont pas de la communion d’une contrefaçon d’Église, évolutive, pentecôtiste, et syncrétiste. »

Ah! quand le sel s’affadit, il n’est plus bon qu’à être jeté dehors et foulé aux pieds! Le bon Maître  ne pouvait pas si bien dire!

Tout d’un coup, en 2012, on s’est rendu compte à Menzingen qu’on a oublié depuis 1974 le troisième élément nécessaire à l’appartenance à l’Eglise! Ne craignez rien, nous sommes en train de redresser la barque!

Conclusion

On pourrait approfondir encore le sujet, mais ça a peu d’intérêt. Nous voudrions seulement terminer en proposant au Carillon une modification de mise en page, puisque nous en sommes des lecteurs assidus. Peut-être pourrait-on publier cela dans une nouvelle rubrique intitulée Courrier des Lecteurs?

En effet, nous ne pouvons pas croire que l’abbé Couture ait voulu dire qu’il soit nécessaire de se soumettre à l’Eglise Conciliaire pour être des catholiques. Après avoir signé la Lettre ouverte au Cardinal Gantin de 1988, ce n’est pas possible qu’on puisse penser ainsi.

Il n’y a donc qu’une explication possible : une page dans le Carillon n’est pas assez pour l’Editorial. Il faudrait passer à deux pages pour avoir la place nécessaire pour faire les distinctions qui s’imposent absolument aujourd’hui quand on rappelle certaines vérités de la Foi qui concernent l’Eglise.

Nous espérons sincèrement que ce changement de mise en page puisse contribuer à plus de clarté dans le futur.

Servez le Seigneur dans la joie! Psaume 99

Serve ye the Lord with Gladness! Psalm 99