Consécration épiscopale

A CAUSE DE MES FRERES

Les trois Fleurs de Lys représentent la France, ma mère-patrie, et le Québec, ma province natale, et le bleu également. Elles représentent aussi la vertu de pureté. Elles sont au nombre de trois en l’honneur de la Bienheureuse Trinité.

Le navire représente l’unique Arche du Salut, la Sainte Eglise Catholique, la vertu de Foi, mes nombreux voyages dans les provinces maritimes et spécialement le Nouveau-Brunswick. Il nous rappelle aussi que nous sommes des étrangers et des voyageurs dans ce monde. Il a une ancre qui représente la vertu d’Espérance. Le navire se tient sur les eaux du monde, parce que nous devons mépriser le monde.

La devise Propter fratres meos est tirée du psaume 121. Elle explique le motif de cette consécration épiscopale dans ces durs moments dans lesquels nous vivons : A cause de mes frères. La vertu de Charité est la raison pour laquelle j’ai accepté l’épiscopat, mes frères étant dans un grand besoin d’un évêque pour les guider.

Les deux insignes, mitre et crosse signifient que les évêques catholiques traditionnels détiennent vraiment l’autorité de Notre-Seigneur Jésus-Christ comme successeurs des Apôtres, et doivent exercer le rôle ferme et doux de guider le troupeau vers le Ciel, n’ayant aucun doute que Dieu leur demande d’être des pasteurs dans le sens plein du mot.

Mgr Roy

Lettre de Son Excellence Mgr Rodrigo Ribeiro da Silva annonçant la consécration épiscopale

Mgr Rodrigo H. Ribeiro da Silva

Seminário São José, Estr. dos Padeiros, 6300 - Sítio Tres Nascentes, Juquitiba - SP, 06950-000

16 novembre 2023

Chers fidèles du Canada et de l’Amérique du Nord,

Je suis en ce moment au Mexique, où je visite différentes églises et prêtres qui travaillent avec nous dans l’apostolat. Il y a environ deux mois, comme vous le savez, j’avais de graves ennuis de santé, mais maintenant – Deo gratias! – je vais mieux et j’ai retrouvé ma santé.

La raison de cette lettre est de vous donner des nouvelles importantes, qui seront, je le crois, pour le plus grand bien de la Sainte Eglise Catholique, pour la gloire de Dieu et le salut des âmes. J’ai l’intention de consacrer l’abbé Pierre Joseph Roch Roy à l’épiscopat. La cérémonie aura lieu à São Paolo, Brésil, le 7 janvier 2024.

L’abbé Roy, de nationalité canadienne-française, a eu, depuis de nombreuses années, un important et fructueux apostolat au Canada, et est un bon prêtre de solide doctrine; pour cette raison, je juge qu’il est convenable qu’il soit élevé à l’épiscopat.

Pourquoi un autre évêque? demanderont certains, les évêques que nous avons ne sont-ils pas suffisamment nombreux? Comme vous le savez, c’est mon devoir de m’occuper des églises et missions que Son Excellence Mgr Daniel Dolan (RIP) visitait au Mexique et partout en Amérique du Sud; ce qui s’est révélé un travail énorme, écrasant et épuisant au cours des deux dernières années. Par conséquent, je consacrerai l’abbé Pierre Roy à l’épiscopat pour qu’il puisse travailler avec moi dans l’apostolat et l’administration des sacrements au Canada, dont je me suis occupé dans le passé en plus de l’Amérique du Sud. Je juge également que cette consécration est prudente en raison de la situation du monde : les quarantaines et les confinements ne sont pas si loin derrière nous; l’exigence des «vaccins» Covid pourrait bien refaire son apparition; de nombreux pays ont fermé leurs frontières pour une longue période de temps il n’y a pas si longtemps et pourraient très bien le refaire dans le futur; nous voyons des guerres se déployer (Russie-Ukraine; Israël-Palestine) et nous ne savons pas jusqu’où elles pourraient nous conduire. Il semble prudent de regarder l’histoire des récentes années comme un avertissement du Seigneur de nous préparer à des temps plus difficiles et ne pas attendre que la situation ne dégénère pour avoir tout mis en place pour assurer la survie du peuple chrétien.

Les fidèles du Canada ont été privés du Sacrement de la Confirmation et des Saints Ordres pendant des années, et sont passés par de longues périodes de fermeture de leurs frontières. Non seulement pendant ce temps plus de cent fidèles attendaient anxieusement de recevoir le sacrement de la Confirmation, mais encore maintenant, il est difficile d’accepter des vocations sacerdotales dans ce pays si un évêque n’est pas présent sur place. Des circonstances semblables à celles que nous avons vues rendraient leur ordination trop incertaine. Il y a également la question des Saintes Huiles, qu’il serait difficile de fournir au Canada dans de telles circonstances. Tous ces problèmes rendent la consécration d’un évêque canadien non seulement une chose prudente et nécessaire, mais également quelque chose que je considère urgent.

Je demande vos prières pour M. l’abbé Pierre Roy et pour nous tous, vos prêtres et évêques. A vous tous, je donne volontiers ma bénédiction épiscopale.

En Jésus et Marie,

Mgr Rodrigo H. Ribeiro da Silva

Lettre de l’abbé Pierre Roy à ses fidèles

« Non enim dedit nobis Deus spiritum timoris: sed virtutis, et dilectionis, et sobrietatis.» 2 Tim. 1, 7

« Dieu ne nous a pas donné un esprit de crainte, mais de force, et d’amour et de sobriété. » 2 Tim. 1, 7

 

 

Chers fidèles,

            Nous sommes bien seuls devant certaines décisions qui engagent notre éternité et le salut de nos frères… Et pourtant quelquefois ces décisions doivent être prises et nous ne pouvons rien faire pour y échapper, y étant forcés par les circonstances dans lesquelles le Seigneur nous place. 

Plus de sept ans se sont écoulés depuis mon départ de la Fsspx et ma lettre expliquant les motifs de ce départ. Comme vous pouvez le comprendre, j’ai alors fait face à une décision très difficile, un tournant sans précédent dans mon existence jusqu’alors somme toute paisible. Dieu soit béni, je suis heureux aujourd’hui de cette décision prise alors et n’ai aucun regret sinon de n’avoir franchi le Rubicon que bien tard devant les compromis doctrinaux auxquels j’étais exposé.

Je me vois maintenant devant un tournant d’une importance également capitale. Comme vous l’avez appris, Mgr Ribeiro da Silva a pris la décision d’élever à l’épiscopat l’abbé Fernando Altamira pour la Colombie et moi-même pour le Canada. Cette décision a évidemment été discutée pendant un an et demie, dans le contexte mondial difficile qui était le nôtre. Malgré ces circonstances objectives qui nous ont mis dans une situation où nous étions privés des secours d’un évêque pendant une période prolongée, et le risque réel que cette situation ne se reproduise pour un temps encore plus long, certains pourront être de l’avis que cette décision de Mgr Ribeiro da Silva est imprudente ou non nécessaire. C’est afin de clarifier les raisons de cette décision que je vous écris cette lettre aujourd’hui.

Permettez-moi de vous rappeler que nous sommes en guerre contre la fausse Eglise de Vatican II qui continue ses ravages sur toute la terre. Comme vous le savez, mon ministère s’étend sur un territoire immense, plus de 1900kms, et je dois m’occuper de nombreuses âmes à travers six provinces du Canada. Sur cet immense territoire, règnent en maître les modernistes qui n’ont de cesse d’appliquer les directives de la Rome apostate. Ne serait-il pas vain et illusoire de prétendre lutter contre leur influence néfaste, sans se donner les moyens de leur faire face? La présence d’au moins un évêque vraiment catholique apparaît nécessaire à cette bataille contre la fausse Eglise dans notre pays à quiconque est conscient de la gravité de la situation actuelle. « Mes petits enfants, n'aimons pas de parole et de langue, mais en action et en vérité. » I Jo III, 18

Mgr Ribeiro da Silva a rappelé dans sa lettre les circonstances à travers lesquelles nous avons vécu ces dernières années. Je n’y reviendrai pas. Nous lui sommes reconnaissant de nous avoir porté secours.

Et pourtant, quand Mgr da Silva est venu à notre aide, sa présence parmi nous ne lui a pas permis d’atteindre tous les fidèles qui avaient besoin des sacrements. Comment en effet lui demander de voyager en l’espace d’une semaine partout dans le champ d’apostolat que je ne peux parcourir moi-même que toutes les six semaines et même moins souvent pour certains endroits? Malgré la générosité dont il a fait preuve en venant du Brésil jusqu’à nous aller-retour, nous n’avons pu organiser la cérémonie des Confirmations qu’à Moncton et à Lévis. Cela lui a malgré tout demandé 14 heures de voiture après un voyage épuisant du Brésil jusqu’à nous. Des fidèles un peu partout, incapables de voyager, n’ont pu recevoir les sacrements qu’ils désiraient de tout leur cœur. Sans compter le fait que c’est à chaque mois maintenant que des nouveaux fidèles nous rejoignent et ont besoin des mêmes secours spirituels. Mgr da Silva ne veut pas courir le risque de nous laisser à nouveau sans les sacrements pendant une période prolongée. C’est dans ce contexte qu’il m’a demandé d’accepter de prendre sur moi une part du fardeau et que j’ai accepté non sans avoir longuement hésité, sachant pertinemment que je m’exposais à la fureur des flots.

Je n’ai aucun doute que certains seront ébranlés par cette décision prise par Mgr da Silva et que nous avons acceptée, mais nous ne pouvons tenir compte de leurs réticences. Le Ciel a veillé sur nous d’une manière admirable jusqu’à présent. Cependant, un pasteur est quelqu’un qui voit venir les dangers et ne prend pas la fuite. « Le mercenaire s'enfuit, parce qu'il est mercenaire et qu'il n'a nul souci des brebis. ». (Jean 10, 13) L’amour que je porte à mon troupeau me contraint bien malgré moi à mettre de côté mes craintes et à prendre sur moi le joug du Seigneur.

Comme vous le savez, j’ai accepté des jeunes gens pour mener la vie religieuse avec nous et se préparer même à la vie sacerdotale, si Dieu le veut. La vie de ces jeunes est précieuse, et nous ne pouvons les accepter avec nous sans avoir la certitude morale qu’ils pourront parcourir les étapes de leur vocation. La présence d’un évêque s’avère donc nécessaire pour être juste envers ces jeunes gens, à moins de se résoudre à ne rien construire de sérieux et à attendre que la disparition du seul prêtre présent ne vienne réduire à néant toute l’œuvre accomplie au prix de tant de sacrifices de la part de chacun. Je me trouve en effet devant un dilemme : abandonner toute volonté de former des prêtres pour s’occuper de vos âmes, ou accepter la demande de Mgr da Silva.

Pour conclure, chers fidèles, permettez-moi de vous faire remarquer que cette décision s’inscrit dans la suite logique de tout ce que nous avons fait depuis plus de sept ans. Ayant constaté les compromis de la FSSPX, qui n’ont fait que s’accroître depuis, nous avons confié nos âmes à Dieu et avons vogué seuls en haute mer, confiants dans le secours du Seigneur. « Adjutorium nostrum in nomine Domini. Notre secours est dans le nom du Seigneur. » Il s’agit maintenant d’assurer la pérennité de la Mission Notre-Dame-de-Joie et nous ne pouvons reculer après que le Seigneur nous ait montré tant de signes de sa bénédiction.

Si j’avais le moindre doute que l’Eglise de Vatican II est l’Eglise établie par Notre-Seigneur Jésus-Christ, jamais je n’aurais la témérité de recevoir la consécration épiscopale contre la volonté cette Eglise. Ayant l’évidence que Rome est tombée dans l’apostasie, non seulement avons-nous le droit, mais nous avons le devoir de lutter contre cette apostasie avec tous les moyens que le Seigneur met à notre disposition. Les circonstances sont bien entendu exceptionnelles et j’en suis très conscient. Mon désir le plus cher sera de pouvoir remettre mon épiscopat dans les mains d’un véritable Souverain Pontife dès que possible et je suis certain que Mgr Ribeiro da Silva est habité par le même désir.

Vous avez reçu la visite de Mgr Ribeiro da Silva avec joie. Vous avez reçu son autorité spirituelle en recevant de ses mains le sacrement de Confirmation. Vous lui avez confié vos âmes avec bonheur. Mgr da Silva, après mûre réflexion, a jugé nécessaire de franchir un pas de plus pour nous assurer les sacrements de l’Eglise et nous y voyons l’amour qu’il porte à nos âmes. Ayez la bonté de recevoir sa décision avec la même Foi et le même empressement que vous l’avez reçu lui-même. Priez pour moi. Je serai d’autant plus sévèrement jugé par le Seigneur que j’aurai été élevé à une plus grande dignité dans son Eglise. Mais l’Eglise du Christ ne pouvant survivre sans pasteurs, je ne voudrais pas que par timidité, par crainte, ou par peur des attaques que nous subirons de toutes parts, elle ne soit laissée sans pasteurs et que les brebis continuent d’être dispersées par les loups ravisseurs.

Que Dieu vous bénisse tous!

 

Abbé Pierre Roy

Servez le Seigneur dans la joie! Ps. 99

Vidéo de la cérémonie de consécration épiscopale - 7 janvier 2024

Vidéo de la consécration

Traduction du sermon en anglais

Chronique de notre voyage au Brésil

3 - 9 Janvier 2024

Mercredi 3 janvier

Nathalie nous a conduit tôt à l’aéroport de Montréal pour notre vol qui était à 8h30. Le vol a été quelque peu retardé car plusieurs passagers étaient retenus par les douanes américaines qui étaient très lentes. Nous-mêmes avons failli être en retard. Un peu de stress pour commencer.

Le premier vol de Connor. Un vol paisible avec Air Canada jusqu’à Miami, Floride.

La sortie de l’avion était quelque peu surprenante en raison de la température et des paysages de Floride. Nous sommes bien loin d’avoir des palmiers au Nouveau-Brunswick. Nous avons profité des quelques heures de transit pour diner, puis sortir de l’aéroport et prendre quelques photos près des palmiers.

Notre second vol était avec LATAM. Un long vol d’environ 8 heures. Vol de nuit. Un bon service. Rien à redire, sinon que les nuits dans l’avion ne sont jamais bien agréables.

Jeudi 4 janvier

Arrivés à Sao Paolo, il nous a fallu passer les douanes brésiliennes. Ça ne fut pas trop long. Dès notre sortie, les deux diacres Gabriel et Luan nous attendaient. Nous sommes montés à l’étage de l’aéroport où Mgr da Silva et un fidèle étaient installés à la table d’un petit café.

Un bref déjeuner, puis nous partons vers Sao José dos Campos, une chapelle et un petit prieuré desservi par le Père Gilberto, un prêtre qui a quitté le modernisme et a été ordonné sous-condition par Mgr da Silva après un temps de formation au séminaire. Pendant ce temps, Mgr da Silva attend l’arrivée de ses parents qui viennent du Nord du Brésil pour assister à la cérémonie.

La route vers San José dos Campos fut d’environ deux heures. L’occasion d’admirer les beaux paysages brésiliens et l’architecture dépaysantes, ainsi que, ça et là, des favelas. Les diacres Gabriel et Luan nous racontent sur la route leurs péripéties de tout genre.

Arrivés à San José dos Campos, la chaleur se fait sentir. Nous ne sommes plus au Canada. Nous faisons la connaissance de quelques fidèles, de la sœur Rosa, et de deux autres séminaristes, Henrique et Glober. Je célèbre la messe, puis nous mangeons avec Mgr da Silva et ses parents, ainsi que Padre Altamira, l’évêque élu de Colombie.

On nous conduit ensuite à notre hôtel, pas très loin de là, où nous prenons un petit repos. Nous rencontrons l’abbé Fuentes, qui loge aussi dans ce petit hôtel. Un prêtre bien sympathique, qui travaille avec l’abbé Roger, qui a été réordonné sous-condition. Il recevra d’ailleurs sa « suspense a divinis » au cours de notre séjour.

 

On vient nous chercher en soirée. Connor restera avec les séminaristes au prieuré. Pendant ce temps, Mgr da Silva et les prêtres vont manger en ville pour célébrer la joie d’être ensemble. Un restaurant bien étonnant, mais semble-t-il commun au Brésil, où on nous sert des quantités de viandes, en venant à la table avec des grandes fourchettes sur lesquelles sont piquées des viandes. Le serveur se sert de son couteau pour trancher des bouts de viande que nous prenons avec des pinces. Le plus étonnant, c’est que ce service ne s’arrête jamais. Nous sommes entourés d’une nuée de serveurs qui arrivent toujours avec de nouvelles propositions. Un moment bien sympathique avec Mgr da Silva, l’abbé Altamira, l’abbé Fuentes et le Père Gilberto, les deux derniers racontant leur chemin pour rejoindre la Tradition.

Nous nous rendons ensuite à l’hôtel pour prendre un repos bien mérité après un long voyage. 

Vendredi 5 janvier

Nous nous sommes levés assez tard le vendredi. Une fois debout, nous faisons nos premières expériences avec la « ponctualité » brésilienne. Nous attendons un bon moment qu’on vienne nous chercher pour aller au prieuré. Le prieuré est en fait déjà bondé de monde, c’est pourquoi nous logeons à l’hôtel. Nous prenons donc un café avec l’abbé Fuentes et discutons de la situation de l’Eglise en attendant.

Enfin, nous arrivons au prieuré où on nous attend pour manger. Tout un remue-ménage est en cours. Des camions sont arrivés pour charger toute sorte de matériel pour notre migration vers Maripora, lieu de la cérémonie. Une nuée de sacristains et autres organisateurs s’affairent à emballer cierges, chandeliers, calices, etc. Il faut penser à tout pour une si grande cérémonie. Mgr da Silva dirige les opérations d’une façon qui lui est propre et qui est difficile à décrire.

Enfin, nous partons vers 15h. Un peu plus de deux heures de route vers Maripora. Un paysage splendide. Mgr da Silva a loué un bus pour transporter une quinzaine de personnes. Le bus est climatisé heureusement. Quelques voitures suivent. On s’arrête en chemin pour prendre quelques acolytes. L’occasion de mieux connaître le tempérament brésilien. C’est une effervescence de joie dès que s’ouvre la porte et que descend Mgr. « Allegria, Allegria! » Les Brésiliens sont des gens joyeux et démonstratifs. Ils ont un très grand respect pour le clergé. Les gens se saluent en disant « Ave Maria purissima! » ou « Salve Maria », constamment. Nous l’avons entendu des centaines de fois au cours de notre séjour. On prend la main du prêtre, on la baise et on dit « Sua Bencion, Padre », « Votre bénédiction, Père. » Tout cela est très touchant.

Nous commençons à monter dans des collines assez escarpées vers le lieu où doit se dérouler la cérémonie. Un endroit magnifique avec une petite chapelle et un hôtel que nous avons loué en entier. Les femmes occupent un étage et les hommes l’autre étage. Nous sommes à plusieurs par chambre. Je serai avec l’abbé Altamira et le Padre Pio, un prêtre qui travaille avec l’abbé Altamira et qui a été ordonné par Mgr Morello après que l’abbé Altamira l’ait formé au sacerdoce. Il avait auparavant passé une année en Argentine au séminaire de la Reja.

Dès notre arrivée, les sacristains se mettent au travail et montent les deux autels et déballent la plus grande partie du matériel. Nous sommes convoqués immédiatement par le cérémoniaire, Robert, un jeune homme incroyable, qui connaît la liturgie comme peu la connaissent, avec qui j’ai pu avoir de longues discussions sur Dom Guéranger, la réforme de Saint Pie V, la réforme de Saint Pie X, etc. Un passionné de liturgie. Un repas est servi, puis nous allons au lit après un petit moment de retrouvailles du clergé. Padre Holtz est arrivé de Rio de Janeiro. Un autre prêtre qui a quitté le modernisme, a passé du temps dans le séminaire de Mgr da Silva et dessert maintenant des chapelles au Brésil.

Samedi 6 janvier

La journée du 6 janvier commence avec les messes qui se succèdent les unes après les autres. J’ai l’occasion de servir la messe du Padre Holtz. Plus tard dans la matinée, Mgr da Silva dira la messe prélatice, assisté par l’abbé Altamira et moi-même. Une bonne occasion d’apprendre à célébrer cette messe, qui durera deux heures. Mgr prêche sur le mystère de l’Epiphanie. Une belle cérémonie.

Après le repas servi par un traiteur, une sieste qui s’impose, le reste de la journée se passera en répétitions. L’abbé Altamira et moi-même sommes trainés en entrevue avec Controversia Catholica.

On soupe, on se retrouve pour fêter un peu et on va au lit. Les Brésiliens aiment fêter. Toutes les occasions sont bonnes et les festivités se poursuivent tard dans la nuit. Connor et moi préférons aller au lit après un peu de temps avec les convives.

Dimanche 7 janvier

Le grand jour est arrivé. Vers 10h30, nous nous retrouvons en ordre de procession. Il faudra attendre une bonne heure avant que la cérémonie ne commence. Un camion arrive et dresse des tentes au dernier moment. Mgr Silva secoue la tête et dit : « Le Brésil, le Brésil… » Finalement la cérémonie commence.

Les mots me manquent pour dire la beauté de cette grande cérémonie qui est passée pour moi très rapidement. J’étais tout surpris, en regardant ma montre après la cérémonie, que nous ayons passé tant de temps à la chapelle.

Mgr da Silva explique l’importance de ce jour de consécration épiscopale. Il insiste sur l’invalidité du nouveau rite de consécration épiscopale et la nécessité de continuer la succession apostolique. Son sermon fut très touchant.

Il fut très touchant pour moi aussi que Connor, un de nos séminaristes à la Mission, ait reçu le rôle de m’accompagner de si près dans cette cérémonie de consécration. Connor était rayonnant de joie, et ça m’a beaucoup touché de le voir ainsi.

Voici l'interview exclusive de Controvérsia Católica avec le nouvel évêque canadien, Pierre Roy, en anglais avec traduction française par La Vérité Catholique. Il a été consacré à São Paulo, au Brésil, par Mgr Rodrigo da Silva le 7 janvier 2024.
Controvérsia Católica était présente et lui a posé quelques questions sur sa consécration, sa vie, son travail et surtout ses réflexions révélatrices sur certaines controverses, comme l'héritage de Mgr Lefebvre et la messe dite en communion avec Bergoglio.

Le soir de la consécration se passe à festoyer. La joie est dans tous les cœurs. Les Brésiliens sont transportés de joie. Je leur demande ce qui les ravit tant, puisqu’après tout, Mgr Altamira et moi serons bien loin du Brésil. « L’apostolat de Mgr da Silva porte des fruits. Nous le voyons dans ces consécrations » me répondent-ils. « L’Eglise continue, l’Eglise continue. »

Tout le monde veut sa photo avec les nouveaux évêques. Nous ne pouvons plus faire un pas sans qu’on nous arrête pour baiser l’anneau pontifical. « Sua bencion, Monsenhor, Sua bencion ». La piété du peuple Brésilien est extrêmement touchante. Il y a aussi des Colombiens et des Mexicains qui prennent part à la fête.

Enfin, nous nous mettons au lit après une longue journée.

Lundi 8 janvier 

Le lendemain matin, je me lève tôt pour célébrer la messe prélatice, comme convenu avec Robert, le cérémoniaire. Je veux que Connor serve cette messe avec Robert pour bien apprendre à la servir. Evidemment, la messe commence avec une heure de retard. C’est le Brésil.

Les messes se succèdent, comme au temps du séminaire. Vers midi, après avoir diné, c’est le branle-bas de combat, encore une fois. Il faut tout ranger et quitter les lieux pour retourner vers Sao José dos Campos. Tout le monde se met au travail malgré la fatigue et on part finalement. 

Durant les deux heures de route, je discute avec le directeur de Controversia Catolica. Un homme très intéressant et positif, malgré la situation de l’Eglise. C’est une chose qui m’a frappé au Brésil : on croit que ce qu’on fait est important. Il n’y a pas de défaitisme. J’ai aussi trouvé au Brésil une très grande piété. Les fidèles respectent profondément Mgr da Silva et ses prêtres. Bien sûr, comme partout, il y a des controverses. Mais il y a une conviction profonde que nous sommes l’Eglise de Jésus-Christ qui continue.

Arrivés à Sao José, Mgr da Silva nous propose, à Connor et moi d’aller manger dans une pizzeria, puis de nous rendre à l’hôtel. Ce qui fut dit fut fait.

 

Mardi 9 janvier :

Encore une fois, nous attendons près d’une heure à l’hôtel pour qu’on vienne nous chercher, malgré l’heure convenue.

Une fois à Sao José, je dis la messe, nous prenons un rapide café, puis nous partons vers l’aéroport. Nous y laissons Connor dont le vol est à 14h (nous n’avons pas pu trouver le même vol pour le retour) puis nous partons vers Sao Paolo. Nous passons un moment dans un petit restaurant à manger des viandes brésiliennes, toujours salées et grasses. Puis, nous faisons un petit tour dans quelques magasins de liturgie pour trouver des aiguières pour les messes de l’évêque.

Nous avions prévu de visiter la cathédrale, mais une pluie torrentielle nous en empêche. Mgr da Silva commence à craindre les embouteillages de Sao Paolo. Nous partons donc vers l’aéroport. Nous y serons vers 19h. A 23h30, mon avion s’envole pour New York.

A New York, je me rends compte qu’il faut que je change d’aéroport. Me voilà dans le métro de New York avec mes bagages entouré de gens qui semblaient quelquefois peu recommandables. La présence de Connor me manque, mais heureusement, il y a partout des policiers. L’attente à New York fut longue. J’étais entouré de Juifs qui attendaient l’avion pour Montréal. L’un deux vient me voir et me demande si je veux prier avec eux. Etonné, je lui dis que je ne comprends pas. Il me dit : « Vous avez une kippa, n’êtes-vous pas juif? » Je lui montre alors ma croix pectorale couverte par mon manteau : « Je suis un évêque catholique. » Il part sans rien dire et je me sens épié par la « communauté » jusqu’à ce qu’on monte dans l’avion. Dans l’avion, je me retrouve évidemment à côté de la femme d’un de ces rabbins qui me surveille du coin de l’œil.

Connor et moi atterrissons à Montréal presque en même temps. Il arrive d’Orlando, où il a dû passer quinze heures dans l’aéroport, et j’arrive de New York. Nous prenons un taxi. Les routes ne sont pas belles, il a neigé la veille. Un rappel à la réalité.


Mercredi 10 janvier – Dimanche 14 janvier

Le retour vers la maison se passe bien. Partout il faut célébrer : Montréal – Beaumont – St-André – Moncton. Merci à tous les fidèles pour leur accueil et leur joie. A St-André, une première communion vient couronner le tout.

Un grand merci à Mgr da Silva et à tous les Brésiliens pour les grands efforts qu’ils ont mis à préparer cette cérémonie. Meilleurs vœux à Mgr Altamira et au peuple colombien. Merci à tous les fidèles pour leurs prières incessantes pendant notre voyage. Nous pouvions sentir ces prières qui nous accompagnaient.

La chaleur était étouffante au Brésil, mais maintenant, il faut être évêque au Pôle Nord. Connor et moi-même étions très heureux de revenir à la maison. Rien ne vaut notre pays et nos gens.

Mgr Roy

Servez le Seigneur dans la joie! Psaume 99

Serve ye the Lord with Gladness! Psalm 99